2025 marque les 50 ans de la profession d'hygiéniste dentaire. Pour l'occasion, la FHDQ a demandé un témoignage à une membre qui a dépassé le cap des 30 ans de pratique. Une façon de montrer qu'il est possible de travailler longtemps dans ce domaine !
Pour cette génération d'hygiénistes dentaires, l'autonomie de pratique était vue comme une utopie. Un idéal de pratique qui verrait le jour, mais pas nécessairement pendant leur parcours professionnel. Merci à Karine d'avoir partagé ce texte.
Je m’appelle Karine Gauvin, hygiéniste dentaire depuis maintenant 32 ans. J’ai gradué du cégep François-Xavier Garneau en 1993, à l’âge de 19 ans. À l’époque, j’étais l’une des plus jeunes de ma cohorte, étant entrée directement du secondaire à tout juste 17 ans.
Aujourd’hui, après plus de 30 ans de pratique, je ressens toujours le besoin d’exercer mon métier avec simplicité et sans complication. J’apprécie particulièrement que mon travail reste au bureau une fois la semaine terminée. Avec les années, j’ai eu la chance d’accompagner une clientèle variée : enfants, adolescents, adultes, personnes âgées, et des patients présentant des déficiences physiques ou intellectuelles. J’ai rapidement compris que ce n’était pas tant l’âge de mes patients qui influençait ma passion, mais bien l’impact positif et concret que je pouvais apporter à leur santé gingivale. Voir l’évolution et l’amélioration de leur état de santé buccodentaire est une grande source de satisfaction personnelle.
Mon parcours professionnel
Durant toutes ces années de pratique, j’ai vécu de nombreuses émotions et remises en question. Le parcours n’a pas toujours été simple, mais je ne regrette absolument pas le virage professionnel pris il y a bientôt deux ans. Voici pourquoi :
Ma carrière a débuté dans une clinique, sous la supervision de la dentiste qui m’avait soignée durant mon enfance et adolescence. Je ne me sentais pas tout à fait prête à affronter le monde adulte à la sortie de l’école, elle m’a beaucoup aidée à gagner en confiance.
Par la suite, j’ai déménagé à Fredericton, au Nouveau-Brunswick. Avec déjà 10 ans d’expérience, je me suis rapidement adaptée malgré le défi linguistique initial. À cette époque (2003), les hygiénistes avaient déjà plus d’autonomie au Nouveau-Brunswick qu’au Québec, ce qui m’a permis d’expérimenter davantage d’indépendance et de diversité dans ma pratique.
De retour au Québec en 2007, j’ai travaillé dans une clinique de quartier pendant 15 ans. Au début, j’étais très heureuse, appréciant la stabilité et l’équipe en place. Je me suis facilement adaptée à plusieurs changements comme l'arrivée de l'informatique, les radiographies numériques et la numérisation des dossiers. Par contre, les changements liés au nouveau modèle de pratique dentaire d'aujourd'hui m'ont fait réaliser que cela correspondait moins à mes valeurs profondes.
Une vision de la profession qui évolue
Au fil des ans, ma vision du métier a beaucoup changé. Je suis passée par des périodes de déception, réalisant que la théorie enseignée ne reflétait pas toujours la réalité quotidienne de la pratique. J’ai appris que le perfectionnisme devait céder place au réalisme, car dans notre profession, les imprévus sont nombreux : gestion des clients, matériel, collègues, horaires, retards, conflits. J’ai compris qu’il fallait avant tout faire de son mieux, tout en acceptant les limites et les contraintes du quotidien. Malgré les hauts et les bas, j’ai toujours aimé ma profession, car au fond, l’essentiel reste d’aider les gens.
Choisir une pratique indépendante
L’autonomie de pratique pour les hygiénistes dentaires m’a toujours attirée. Au congrès de 2022, j’ai compris concrètement ce que signifiait la pratique indépendante. Bien que je n’aie pas l’âme d’une entrepreneure, l’opportunité s’est présentée lorsqu’une collègue hygiéniste dentaire a ouvert le premier cabinet exclusivement composé d’hygiénistes dentaires à Québec. C’était exactement ce que je recherchais.
Mon passage à la pratique indépendante était d’abord motivé par un besoin personnel de calme et de tranquillité. Cependant, j’ai aussi réalisé que c’était bénéfique pour mes patients : une expérience plus apaisante, sans attente excessive et à moindre coût. L’indépendance exige certes beaucoup de patience et d’adaptation, surtout au départ, mais le jeu en vaut la chandelle.
En somme, si après 32 ans je suis toujours passionnée par ma profession, c’est parce que je sais que ce que je fais compte vraiment. J’aime travailler dans un domaine où je peux apporter du mieux-être à mes patients et voir concrètement les résultats positifs de mes interventions.
Pour l’avenir de la profession, j’espère sincèrement que les cabinets composés uniquement d’hygiénistes dentaires se multiplieront. Je crois fermement que c’est un service apprécié qui gagnera à être mieux connu du public.
Conseil pour la relève en hygiène dentaire
À la jeune génération, mon conseil est le suivant : donnez-vous le temps d’observer, d’apprendre et d’accepter les critiques constructives. Notre métier est complexe et parfois stressant; l’expérience et la patience sont essentielles pour développer la confiance nécessaire à une pratique épanouissante, particulièrement en tant qu’hygiéniste dentaire en pratique indépendante.
Karine travaille à la clinique Dignard Hygiénistes Dentaires depuis avril 2023.
Coordonnées :
2000 Boul. Wilfrid-Hamel, local 140, Québec
Tél. : 418-271-4843
RV disponible via le site internet
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